À l’occasion de la Journée nationale en hommage aux victimes de l’esclavage colonial, nous tenons à rappeler que l’histoire coloniale, ses violences et ses héritages, ne peuvent être occultés si l’on veut véritablement lutter contre le racisme aujourd’hui.
L’esclavage et la colonisation ne sont pas des parenthèses de l’histoire. Ce sont des fondements du racisme structurel qui persiste encore aujourd’hui. On ne peut combattre le racisme sans en comprendre les racines. De la même manière qu’il est impensable de parler d’antisémitisme sans évoquer la Shoah, il est inacceptable de taire l’histoire de l’esclavage commis par la France.
Deux actualités récentes illustrent combien ce silence pèse encore sur notre société :
• Le 27 avril dernier, le président Emmanuel Macron a reconnu, pour la première fois, l’injustice historique de la dette imposée à Haïti en 1825 en échange de sa liberté. Cette « rançon de l’indépendance », extorquée sous la menace militaire, a plongé Haïti dans une spirale d’appauvrissement qui dure encore. Ce geste politique, bien que significatif, reste insuffisant sans engagement clair vers des réparations concrètes.
• Le 13 mai, François Bayrou a annoncé qu’un projet de loi serait présenté pour abroger formellement le Code noir, édité en 1685. Ce texte, jamais officiellement annulé, réduisait les esclaves au rang de biens meubles. Il est inadmissible qu’un tel texte infâme demeure juridiquement intact dans notre République.
Ces deux annonces, bien qu’importantes, sont tardives. Elles démontrent le vide béant laissé par l’absence de débat national sur l’histoire coloniale française. Le fait même que de nombreux élèves terminent leur scolarité sans jamais prendre conscience du Code noir, de la traite négrière française ou de l’abolition de 1848 est symptomatique d’un refoulement collectif.
C’est pourquoi, en cette journée du 23 mai, nous appelons à une véritable reconnaissance, institutionnelle et éducative, de cette histoire. Il ne peut y avoir de cohésion nationale sans mémoire partagée.