Le 1er décembre 1944, à Thiaroye, près de Dakar, l’armée française a ouvert le feu sur des tirailleurs sénégalais démobilisés, réclamant le paiement de leurs soldes. Ces soldats, héros des champs de bataille européens, avaient risqué leur vie pour libérer la France de l’occupation nazie. Le bilan officiel fait état de 35 morts, mais des historiens estiment que le nombre réel de victimes pourrait atteindre des centaines.

Ce drame, symbolique des injustices coloniales, fut suivi d’une falsification historique : les tirailleurs furent accusés de mutinerie pour justifier leur exécution. Enterrés dans des fosses communes, ils n’ont jamais reçu de sépulture digne. Pendant des décennies, l’accès aux archives a été limité, alimentant le silence autour de cette tragédie.

En 2024, la reconnaissance officielle progresse lentement. Le président Emmanuel Macron a attribué la mention « Morts pour la France » à six tirailleurs identifiés, un geste symbolique mais insuffisant pour de nombreux observateurs. Au Sénégal, le Premier ministre Ousmane Sonko appelle à une reconnaissance globale, incluant l’ouverture des archives et des réparations.

Thiaroye 1944 nous rappelle que justice et mémoire vont de pair. Reconnaitre ce crime colonial et faire la lumière sur son histoire serait une étape essentielle pour réconcilier mémoire et justice.