L’association SOS Racisme Moselle souhaite attirer l’attention de l’ARCOM, sur une problématique qui nous préoccupe profondément : le traitement médiatique des faits divers, qui nous semble parfois empreint de racisme latent.
Bien conscients des contraintes d’audience qui pèsent sur les médias, nous tenons cependant à souligner l’impact insidieux des choix éditoriaux effectués par ces derniers. Les médias, en tant qu’acteurs majeurs du contre-pouvoir, sont investis d’une responsabilité cruciale : celle de garantir une information neutre et objective. Or, certains choix de traitement journalistique peuvent malheureusement contribuer au repli identitaire et banaliser les discriminations.
Par exemple, mentionner la nationalité des auteurs de délits ou de crimes uniquement lorsqu’ils sont d’origine étrangère donne à cette information un poids injustifié. Ce type de précision tend à s’inscrire comme une donnée essentielle à l’information, sans pour autant ajouter de pertinence réelle aux faits rapportés. Si cette mention est jugée utile, alors la neutralité exige qu’elle soit faite pour tous, sans distinction. Par ailleurs, certains médias vont même jusqu’à mentionner les origines étrangères d’une personne pourtant de nationalité française, soulevant une question : jusqu’où doit-on remonter dans l’arbre généalogique pour juger l’information pertinente ?
Cette approche éditoriale n’est pas un détail. Elle participe à la propagation d’un racisme décomplexé et encourage des amalgames dangereux dans l’esprit du public, déjà saturé d’informations. Dans ce contexte, il devient difficile pour chacun de prendre le recul nécessaire pour distinguer l’essentiel de l’accessoire, ce qui peut inciter à une défiance envers les personnes perçues comme « étrangères ».
Un exemple récent de cette dérive concerne la couverture d’un sujet sur les punaises de lit par CNEWS, où un lien infondé avec l’immigration a été établi. Cette association déplacée entre deux sujets distincts, réalisée par le journaliste Pascal Praud, illustre le danger de ces raccourcis éditoriaux qui alimentent les préjugés et favorisent la stigmatisation.
Face à ces constats, nous appelons à une réflexion collective et espérons instaurer un dialogue constructif avec les acteurs de l’audiovisuel pour faire évoluer les pratiques médiatiques vers plus d’équité et de responsabilité. Dans cette lutte commune contre les discriminations, nous comptons sur l’ARCOM et sur la prise de conscience des médias pour que la neutralité et la rigueur restent au cœur de leurs missions.
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